L'african terror by Antoine Dominique

Auteur:Antoine Dominique [Dominique, Antoine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française, Espionnage
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

* * *

Dorothée les avait reçus de glace. Car elle avait vu et même senti l'odeur poivrote des hardis navigateurs. Evidemment en Afrique on a tendance à se laisser aller sur le tutu, c'est couleur locale en quelque sorte. Mais chez le Polak le tutu c'était du punch. Le punch c'est bon mais les puncheurs émettent une redoutable aura atmosphérique autour d'eux.

Napoléon, l'’aimable Mossi d'une volumétrie impressionnante, s'était bien entendu senti instinctivement attiré par ce biologiste savoureux qui l'attendrissait puisque dans les fêtes de village, quand on se paye la tête des Frankaoui, on se déguise en explorateur de bon papa. Le plus calé c’est de trouver un casque colonial. Sauf pour les flics anglais et monégasques, on ne sait quel sort impitoyable a décimé cet inénarrable couvre-chef. Mais l'Anzac5 du biologiste valait n'importe quel emblème connard.

Une chambre avait été attribuée au vaillant explorateur qui attendrait d'ici les instructions du ministère voltaïque. A l'heure de la sieste, les premiers échanges secrets prévus avaient eu lieu entre Toinon et son père, puisque aussi bien le pionnier de la biologie acridienne n'était autre que le Gorille. Rien de plus depuis leur dernier échange téléphonique sauf l'annonce d'éléments suspects ayant transités en Niger par Niamey, donc probabilité d’une offensive en Haute-Volta. De l'avis du Gorille il fallait absolument bloquer les Ruscos dans l'enceinte même des habitations de la plantation.

La correspondance entre les deux barbouzes familiales avait été prévue par petits billets semi-ésotériques glissés à heures fixes dans la salle de séjour entre la planche et le support de la console où étaient exposées des pièces d'artisanat local. Par le même moyen, Toinon avait appris à Geo ce qu'il avait vu la nuit dernière dans le foulard noué de Bassouati : vingt et une pièces d’or. Ce qui prêtait à pas mal d'interprétations, Toinon ignorant que feu Volvich les lui avait confiées.

Toinon arpentait d’un pas mou le corridor des chambres, méditant sur ces faits divers, à la suite de quoi, poussant les glinglins de sa porte, il manqua balancer ses mains dans la figure de Dorothée. Qui l’attendait chez lui, immobile et pas contente du tout. Elle attaqua tout de suite :

— C'est vous qui avez ramené ça ! Que vient faire cet olibrius ici ?

Sans un mot, Toinon lui prit fermement la main et l'entraîna avec lui jusqu’à la chambre de Brutus. C'était un raffiné, l’agro, il faisait la sieste dans un hamac. Toinon le réveilla :

— Je vous amène votre associée, expliquez à cette jeune personne ce qui s’est passé, pourquoi nous avons ramené le biologiste ici.

— Mais... s'étonna Brutus redressant son torse vigoureux de la couche incertaine, c'est Koras qui ne voulait plus se séparer de lui! Battu et content! A dire vrai, je crois qu'il était trop soûl pour se rappeler ce qui lui était arrivé.

Dorothée siffla :

— Alors Koras est fou ! Ce biologiste est insensé ! Il ne lui manque que le casque colonial!

— Il a de beaux veux, grinça Toinon.

— Vous ne croyez pas si bien dire, maître Antoine Paquet, je trouve qu'ils sont comme les vôtres!

— Oh! ben merde alors.

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